Communiqué de presse
Contact:
Mario Joseph, Av., Bureau des Avocats Internationaux, (en Haïti), mario@ijdh.org, +509-3701-9878
Brian Concannon, Jr., Esq., Institute for Justice & Democracy in Haiti, brian@ijdh.org, +1-541-263-0029
Les organisations de défense des droits de l’homme s’adressent au Président François Hollande : Haïti n’a pas besoin de votre charité, elle réclame justice et réparation
L’offre pour l’effacement de la dette Haïtienne est dérisoire comparée à la somme due à Haïti
Port-au-Prince et Boston, le 12 mai 2015—Des avocats engagés dans la défense des droits de l’homme ont réclamé au Président de la République Française, M. François Hollande, la création d’un plan d’action pour le remboursement des 21 milliards de dollars dus à Haïti. En 1825, la France avait extorqué cette somme de son ancienne colonie à titre de sa « dette d’indépendance ». Les avocats concernés refusent la proposition du Président Hollande de restructurer et de réduire la dette actuelle contractée auprès de la France par la République d’Haïti en échange de la rançon de l’indépendance. Cette offre, selon eux, est insignifiante quand on la compare à la somme réelle que la France doit à Haïti.
« Si le Président Hollande était respectueux de la Justice, il s’acquitterait à l’obligation de la France de rembourser cette dette de l’indépendance, conformément aux principes du droit international, » dixit Mario Joseph, avocat responsable du Bureau des Avocats Internationaux, un cabinet d’avocats de défense des droits de l’homme basé à Port-au-Prince. M. Joseph continue en expliquant que « la France a volé cet argent en Haïti sous la menace des armes et du rétablissement de l’esclavage sur l’île. Et elle doit le rembourser. »
En 1825, en échange de la reconnaissance de l’indépendance haïtienne par la France, celle-ci avait exigé d’Haïti une indemnisation de 150 million de francs or, avec intérêts, pour satisfaire les revendications des citoyens français qui avaient perdu leurs biens pendant la guerre d’indépendance haïtienne, offre qu’Haïti avait acceptée. Parmi ces « biens », on pouvait aussi compter des esclaves émancipés. Haïti n’avait finalement accédé à cette demande qu’après que la France eut stationné ses navires de guerre près des côtes haïtiennes et menacé d’envahir son ancienne colonie pour rétablir l’esclavage. Bien que la France admît officiellement l’esclavage à l’époque, elle était pourtant signataire de traités interdisant l’esclavage sur les territoires où la pratique en avait été abolie antérieurement. La dette de l’indépendance n’a finalement été soldée qu’en 1947 et a eu des impacts et du choc déstabilisant l’économie haïtienne pendant toute la période de son remboursement. Haïti a dû choisir de tenir son engagement financier auprès de la France au détriment de sa croissance économique ; elle a négligé d’investir dans ses infrastructures et dans le secteur de l’éducation pour payer sa dette. En 2003, la dette et ses intérêts ont été évalués à environ 21 milliards de dollar.
« La France offre une somme dérisoire comme un acte de charité », selon Brian Concannon Jr., Directeur Exécutif de l’Institute for Justice & Democracy in Haiti, « tandis que la justice requiert qu’elle fournisse une somme suffisante pour transformer la pauvreté en Haïti. »
Pour accéder à une analyse juridique et à un commentaire sur le dossier de la dette de la France envers Haïti, consultez Restitution of Haiti’s Independence Debt from France.