Komite Jistis pou Twa (3) Fanm Soud nan Kabare yo / Justice Committee for the Three (3) Deaf Women in Cabaret

Port-au Prince, le 08 Mars 2017

LETTRE OUVERTE A LA NATION HAITIENNE ET AU MONDE ENTIER

A l’approche de 18 mars 2017, date qui marquera le premier anniversaire de l’assassinat des trois (3) femmes sourdes à Cabaret (Sophonie GELIN, Vanessa PREVIL et Monique VINCENT), le 18 mars 2016. Le KOMITE JISTIS POU 3 FANM SOUD KABARE YO tient à exprimer son indignation face au traitement discriminatoire et laxiste des autorités judiciaires, et au mépris inquiétant des instances se donnant pour tâche de défendre les droits des femmes en Haïti, en particulier le Ministère à la Condition Féminine et aux Droits de la Femme, à l’égard de ce dossier.

En effet, selon les faits rapportés par le  Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) , dans son rapport publié le 26 Avril 2016[1], dans l’après-midi du 18 mars 2016 Sophonie GELIN, Vanessa PREVIL et Monique VINCENT ont eu des difficultés à rentrer chez elles à Cabaret, en raison du fait que la route a été bloquée suite à l’effondrement du pont Duvivier, au niveau de la Route neuf. Par conséquent, le chauffeur de la camionnette qui les transportait n’a pas pu continuer le chemin, et elles étaient obligées de faire le reste du trajet à pied. Au cours de route, étant donné qu’il se faisait très tard, Vanessa PREVIL a invité ses amies (Sophonie GELIN et Monique VINCENT) à aller dormir chez sa nièce, Alexandre FLEURANVIL, qui vit avec sa famille élargie à Haut Damier. Il était aux environs de minuit quand Vanessa PREVIL et ses amies sont arrivées devant la maison où habite sa nièce et se mettaient à frapper à la barrière, jusqu’à  lancer des pierres en direction de la maison pour se faire entendre car elles ne pouvaient pas répondre à l’appel de Guerlande JEAN qui leur demande de s’identifier. Pensant qu’il s’agissait de loups garous, Guerlande Jean, la sœur du mari de la nièce de Vanessa GELIN, a appelé son compagnon Isemelord MORANCY qui n’était pas dans la maison à ce moment. C’est ainsi que ce dernier, accompagné d’autres agresseurs, ont assassiné avec une hache et des pierres Sophonie GELIN, Vanessa PREVIL et Monique VINCENT. Puis, Leo RENEL, Ti Menmwen ainsi connu, avec l’aide d’autres personnes non identifiées, ont aidé Isemelord MORANCY à transporter les cadavres via une brouette pour les jeter au bord de la route.

Dénoncée par l’opinion publique, la justice Haïtienne a été contrainte de se saisir de ce dossier afin de prononcer le mot du droit y relatif. Du coup, les proches des victimes et leurs avocats du Bureau des Avocats Internationaux (BAI), Maitre Mario Joseph et ses collègues, ont pris le soin de respecter les procédures pouvant déterminer les conditions dans lesquelles les victimes ont été lâchement assassinées. Ainsi, ils ont pu obtenir le constat d’un juge et une autopsie, en dépit des difficultés rencontrées, tout en s’assurant que le dossier soit acheminé au niveau du cabinet d’instruction. Malheureusement, près d’un an après cet assassinat odieux, le juge d’instruction chargé de ce dossier  tarde encore à rendre son Ordonnance de clôture, alors que le juge aurait dà» remettre son rapport dans trois (3) mois d’après la loi haïtienne. Une situation très  préoccupante pour le KOMITE JISTIS POU 3 FANM SOUD KABARE YO, quand on sait les problèemes de discrimination liés à la condition des personnes handicapées en Haïti et dans ce cas très précis, qui sont également des femmes, dans une société foncièrement sexiste.

En ce sens, le KOMITE JISTIS POU 3 FANM SOUD KABARE YO ne comprend pas le silence du Ministère à la Condition Féminine et aux Droits de la Femme, qui se donne pour tôche de promouvoir l’équité de genre et le respect du droit de la femme haïtienne.

le KOMITE JISTIS POU 3 FANM SOUD KABARE YO attire l’attention de l’opinion publique sur le fait que le policier Nixon ALTENOR qui habite une maison derrière celle où les faits se sont produits et avait conseillé aux agresseurs d’aller jeter les cadavres des victimes, n’a pas été invité voire auditionné par le juge instructeur, ainsi que Madame Rosemarie EXAYUS qui était dans la maison lors de l’assassinat. A noter également, Ismelord MORENCY, denoncé par la clameur publique et sa conjointe, Guerlande JEAN, au Cabinet d’Instruction; et Leo RENEL, dénoncé aussi par sa conjointe, Djouly JOSEPH, au Cabinet d’Instruction et TI MENMWEN ainsi connu qui ont tous aidé Ismelord MORENCY à transporter les cadavres des victimes, n’ont été ni recherchés ni auditionnés par le Juge instructeur.

Enfin, le KOMITE JISTIS POU 3 FANM SOUD KABARE YO, tout en exigeant justice et réparation, tient à exprimer d’abord ses indignations quant à la manière de proceder par le Juge Instructeur, laissant présager une instruction bâclée et d’ailleurs qui ne respecte pas le délai imparti pour rendre son Ordonnance de clôture et ensuite, ses sympathies aux proches des victimes, principalement aux six (6) enfants de Sophonie GELIN qui sont aujourd’hui orphelins de leur mère, et qui font face à toutes sortes de difficultés à caractère socio-économiques; et à la communauté des personnes handicapées en général.

Unissons – nous pour que justice soit faite aux trois victimes et à leurs parents!

Pour le KOMITE JISTIS POU 3 FANM SOUD KABARE YO:

Gary VINCENT, Représentant des parents des victimes Tél: 3666 9308

Jonas CADET, Pésident de la Fédération Nationale des Sourds d’Haïti Tél: 4931 7954

Mario JOSEPH, Avocat et Responsable du Bureau des Avocats Internationaux (BAI) Tél: 3701 9879

CC: -Madame Florence ELIE, Office du Protecteur du Citoyen (OPC)
-Madame Marie Denise CLAUDE, Ministère à la condition Féminine et aux Droits de la Femme (MCFDF)
-Maitre Camille Junior EDOUARD, Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique (MJSP)
-Monsieur Gustavo GALLON, Expert indépendant des Nations Unies sur la Situation des Droits Humains en Haïti
-Jose de Jesus Orozca Hernandez, Rapporteur Spécial de la Commission Interaméricaine des Droits Humains (CIDH)

[1] Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), Assassinat de trois sourdes-muettes par des proches d’une des victimes: Le RNDDH exige le jugement des coupables, Rapport/A16/No02, 26 avril 2016

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Port-au Prince, March 8, 2017

OPEN LETTER TO THE HAITIAN NATION AND TO THE WORLD

As March 18 of 2017 approaching, the date will mark the first anniversary of the murder of three deaf women in Cabaret (Sophonie GELIN, Vanessa PREVIL and Monique VINCENT) on 18 March 2016. The KOMITE JISTIS POU 3 FANM SOUD KABARE YO expresses his indignation at the discriminatory and lax treatment of the judicial authorities and at the disquieting disregard for the bodies entrusted with the task of defending the rights of women in Haiti, in particular the Ministry for the Status of Women and Human Rights. Woman, with regard to this case.

According to facts reported by the National Network for the Defense of Human Rights (RNDDH), in its report published on April 26 2016, in the afternoon of March 18 2016, Sophonie GELIN, Vanessa PREVIL and Monique VINCENT had difficulties returning to their home in Cabaret, because the road was blocked following the collapse of the Duvivier bridge, at the level of route nine. As a result, the driver of the pickup truck carrying them could not keep going on the road, and they were obliged to do the rest of the road walking. On the way, given that it was very late, Vanessa PREVIL invited her friends (Sophonie GELIN and Monique VINCENT) to go sleep over her niece, Alexandre FLEURANVIL, who lives with her extended family in Haut Damier. It was around midnight when Vanessa PREVIL and her friends arrived in front of the house where her niece lives and began to knock at the barrier, throw stones in the direction of the house to be heard because they could not respond to the request of Guerlande JEAN who asks them to identify themselves. Thinking it was werewolves, Guerlande Jean, the sister of Vanessa GELIN’s niece’s husband, called her companion Isemelord MORANCY who was not in the house at that time. Thus, the latter, accompanied by other aggressors, assassinated with an ax and stones Sophonie GELIN, Vanessa PREVIL and Monique VINCENT. Then, Leo RENEL, Ti Menmwen as well known, with the help of other unidentified persons, helped Isemelord MORANCY to transport the corpses via a wheelbarrow to throw them by the roadside.

Denounced by public opinion, Haitian justice was obliged to seize this case in order to pronounce the word of the right relating to it. As a result, the relatives of the victims and their lawyers from the International Lawyers’ Office (BAI), Mario Joseph and his colleagues, were careful to respect the procedures that can determine the conditions under which the victims were cowardly murdered. Thus, they were able to obtain a judge’s report and an autopsy, despite the difficulties encountered, while ensuring that the case was forwarded to the investigative office. Unfortunately, almost one year after this odious assassination, the investigating judge in charge of this case still delays in making his Closing Order, whereas the judge should have submitted his report within three (3) months according to the Haitian law. A very worrying situation for the KOMITE JISTIS POU 3 FANM SOUD KABARE YO, when we know the problems of discrimination related to the condition of disabled people in Haiti and in this very specific case, who are also women, in a fundamentally sexist society.

In this sense, the KOMITE JISTIS POU 3 FANM SOUD KABARE YO does not understand the silence of the Ministry of Feminine Condition and Women Rights, whose task is to promote gender equity and respect for the right of the Haitian woman.

KOMITE JISTIS POU 3 FANM SOUD KABARE YO draws the public’s attention to the fact that policeman Nixon ALTENOR, who lives in a house behind the one where the incident occurred, advised the attackers to go and throw the corpses victims, was not invited or even heard by the investigating judge, as well as Mrs Rosemarie EXAYUS who was in the house during the assassination. Note also Ismelord MORENCY, denounced by the public clamor and his spouse, Guerlande JEAN, to the Cabinet of Instruction; And Leo RENEL, also denounced by his spouse, Djouly JOSEPH, to the Investigative Office and TI MENMWEN as known who all helped Ismelord MORENCY transport the corpses of the victims, were neither sought nor heard by the Judge instructor.

Lastly, the KOMITE JISTIS POU 3 FANM SOUD KABARE YO, while demanding justice and reparation, wishes to express his indignation at first as to the manner of proceeding by the Judge Instructor, suggesting a sloppy and, Not the deadline for issuing its Closing Order and secondly, its sympathies to the relatives of the victims, mainly to the six (6) children of Sophonie GELIN who are now orphaned by their mother and who face all sorts of socio-economic difficulties; and at the general disability community.

Let us unite for justice to be done to the three victims and their parents!

For the KOMITE JISTIS POU 3 FANM SOUD KABARE YO:

Gary VINCENT, Representative of the parents of the victims Tel: 3666 9308

Jonas CADET, President of the National Federation of the Deaf of Haiti Tel: 4931 7954

Mario JOSEPH, Lawyer and Head of the Office of International Lawyers (BAI) Tel: 3701 9879

CC: -Mrs. Florence ELIE, Office of the Protector of Citizen (OPC)
-Madame Marie Denise CLAUDE, Ministry for the Status of Women and Women’s Rights (MCFDF)
-Maitre Camille Junior EDOUARD, Ministry of Justice and Public Security (MJSP)
-Mr. Gustavo Gallon, United Nations Independent Expert on the Situation of Human Rights in Haiti
-Jose de Jesus Orozca Hernandez, Special Rapporteur of the Inter-American Commission on Human Rights (IACHR)